Laos

Le mois passé au Cambodge s’est terminé à Phnom Penh et cette semaine forte en émotions à PSE auprès de tous ces enfants.

On a quitté le Cambodge le coeur gros, perturbés par toutes ces émotions mais remplis de joie et de gratitude pour tout ce que nous avons vécu et reçu cette semaine là.

C’est donc avec une forme de vide que nous avons abordé le Laos qui allait nous révéler de très belles surprises.

Nous avons donc passé la frontière en mode routard, par la voie terrestre. Un premier bus et un trajet de 10H depuis Phnom Penh pour nous amener à la ville frontière côté Cambodge, puis un mini bus et 1H de trajet pour le poste frontière. Puis 500 mètres de marche entre les 2 pays avec nos sacs à dos pour affronter le poste frontière le plus corrompu d’Asie du Sud Est.

Cela s’est plutôt bien passé pour nous. C’était long, près de 1H30 pour enregistrer nos noms et réaliser un visa de 30 jours, et nous n’avons été « amendés » que de 2 $ par passeport pour obtenir le coup de tampon rouge nous donnant le droit de rentrer officiellement dans le pays, le fameux « bakchich ». Il est d’usage que les gardes frontière amendent les touristes de 5 à 8 $ par passeport pour sortir du Cambodge, puis de nouveau de 5 $ pour obtenir le coup de tampon d’entrée au Laos. Et ne pas s’y soustraire peut entraîner des complications, comme la confiscation de son passeport pendant quelques heures … jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de bus ou de tuktuk pour aller à la ville la plus proche… à 20 kms.

Une expérience de voyage en soi !!!

Nous avons ensuite rejoint Don Det, une des 4000 Iles au sud Laos, dans un genre de camion de l’armée permettant de transporter les soldats, mais plus petit. Au moins, on était au grand air. Puis dans une barque où il nous aura fallu déployer des efforts titanesques pour permettre à Lou-Ann et son fauteuil roulant d’accéder à cette barque et au quai fait de planches brinquebalantes.

On a retrouvé nos amis « les nortios » laissés au Vietnam, avec grand plaisir et Lou-Ann a retrouvé ses copains pour jouer. Ces rencontres font partis des moments de joie et de partage avec des familles en tour du monde, comme nous, et l’occasion de passer de bons moments ensemble, de discuter et de s’ouvrir au monde à nouveau.

Prévu pour être un séjour de 3 jours devenu 8 jours, Don Det nous aura séduit par sa tranquillité, sa douceur de vivre, la beauté tout en simplicité du lieu au bord du Mékong, une île sans voiture, avec deux chemins de terre et des maisons au bord de l’eau, alignées à côté de terrasses de restaurants et bars. Un lieu hors du temps où nous avons goûté à cette douceur de vivre laotienne, le Bo Pen Nyang, l’expression d’un art de vivre sans agitation, sans vains désirs ni folle ambition.

Le Laos cultive, malgré un niveau de vie très bas, une incroyable nonchalance et les Laotiens, ancrés dans une culture spirituelle issue du Bouddhisme Theravada sont de nature bienveillante. On vous explique pourquoi le pays du sourire dégage autant de paix et de tranquille sérénité.

Religion majoritaire pour plus de 60% de la population, le Bouddhisme Theravada ou “Petit véhicule” fait référence à quatre croyances majeures, initiées au VIè siècle av. J.-C par Siddharta Gautama, bouddha et chef spirituel indien qui donna naissance au bouddhisme. De ces croyances, basées sur les fondements de la condition humaine, ressort une grande ouverture et une immense tolérance. Au moins une fois par semaine, les Laotiens se rendent au temple pour faire des offrandes et prier. Chaque matin, avant le lever du soleil, les moines déambulent dans les rues pour faire l’aumône d’offrandes qui leur sont distribuées par les fervents pratiquants. Certains jeunes Laotiens, avant de se projeter dans la vie active, font un stage immersif de plusieurs mois dans un temple pour acquérir les notions du Bouddhisme et s’imprégner de la vie religieuse des moines. Entre autres croyances : la réincarnation dont les Laotiens prônent l’existence, tout en affirmant que le summum de toute vie humaine est d’atteindre le nirvana . C’est en créant le bien autour de lui qu’il souhaite atteindre son mérite. Un point phare de l’identité laotienne !

Au bout de 8 jours, presque à contre coeur, nous avons quitté cette très belle île nonchalante au rythme de vie doux. Nous avions bien commencé à nous laisser imprégner par le Bo Pen Nyang, non sans difficultés, mais avec plaisir.

Nous avons pris la direction du Nord avec une première étape à Paksé, point de départ du plateau des Bolavens, un lieu très joli, vallonné, où la culture du café prévaut. Nous l’avons visité en prenant un Tuk Tuk à la journée et en profitant pour découvrir et se prélasser au pied de 3 belles cascades sur le parcours. Ces lieux étant bien entendu totalement inadaptés à un fauteuil, Magali portait Lou-Ann sur son dos. Ces moments sont toujours déroutants et frustrants, nous renvoyant un sentiment de solitude, de fatigue et une certaine tristesse. Cela nous demande de gros efforts physiques et une prise de risque mesurée pour que notre périple ne s’arrête pas sur le parking des Tuktuks. Sentiments qui se laissent submerger par une envie mesurée de se dépasser et d’offrir à Lou-Ann, et nous, l’accès à ces lieux de toute beauté, au coeur de la nature.

Nous avons ensuite continué vers le Nord pour réaliser la boucle de Thakek prévu en 3 jours de voiture, partagée avec un couple de français en tour du monde, accompagné de notre guide et hôte, Tune (se prononce Toune), drôle, grand joueur de pétanque et fin connaisseur de la langue française, « oh, putain, con » ponctuant un grand nombre de ses phrases.

La boucle de Thakek est un joli itinéraire, succession de collines, de beaux paysages; Magali a bien aimé, moi bien moins car j’ai trouvé cela bien trop long pour des paysages jolis mais pas non plus délirants. Il faut dire qu’en habitant en Haute Savoie, au coeur des Alpes, mon standard est plutôt élevé.

Néanmoins, cela nous a permis une halte chez Tune, au fin fond du Laos, qui nous a accueillit dans un lieu plein de charme, autour d’un immense BBQ, avec bière et … Pastis … Le pied pour fêter mon 49ème anniversaire, avec un gâteau d’anniversaire en surprise, Magali ayant manigancé en douce avec Tune pour m’organiser cette surprise.

Cela a aussi été l’occasion de rencontrer un couple anglais en tour du monde, Jim et Clara, que nous avons retrouvé ensuite à plusieurs endroits de notre parcours. Je confirme que les anglais sont meilleurs au Rugby qu’à la Pétanque 😊😁, puisque nous avons perdu avec mon coéquipier anglais contre une équipe du Laos bien affûtée, mais avec honneur quand même !

Cette boucle de Thakek nous amenant encore plus en profondeur dans le Bo Pen Nyang, nous a permis d’ouvrir de belles discussions avec Magali, et de commencer à dessiner de beaux projets enthousiasmants pour le retour en France qui approche. Bien que cette discussion sous un ciel étoilé ait été agrémentée de Mojitos, les projets ne se sont pas envolés avec les vapeurs d’alcool, bien au contraire.

Nous avons ensuite pris un peu de repos à Vang Vieng, après 2 petites journées de bus coupées par une pause dans la capitale, Ventiane, qui ne présente aucun intérêt si ce n’est 2 bonnes boulangeries pour retrouver le plaisir d’un bon croissant et de sandwich baguette.

Ces 4 jours à Vang Vieng nous ont permis de nous reposer car nous avions beaucoup bougé et roulé ces derniers jours, et on ressentait beaucoup de fatigue, Lou-Ann manifestant clairement le souhait de se poser, si possible et surtout autour d’une piscine.

C’est ensuite que nous avons pris la direction du Nord pour Luang Prabang qui allait finalement nous accueillir durant 18 jours, nous demandant même un passage par les bureaux de l’Immigration pour un prolongement de visa.

Luang Prabang est une très belle ville coloniale, avec un charme fou, au bord du Mekong et de la Nam Khan River. Elle nous a permis de passer au stade supérieur du Bo Pen Nyang, et se laisser aller à un niveau de nonchalance, de tranquillité, de douceur de vivre que nous n’avions jamais connu jusque là dans nos vies ! Et que c’est bon !!! Que c’est vraiment bon !!!

Le Laos est vraiment le pays pour se relâcher et lâcher prise, s’abandonner au rythme lent, très lent des laotiens. Tout est approximatif, tout est toujours oui même quand c’est non, rien n’est jamais certain mais tout se fait finalement en douceur.

Ce pays est celui de la contemplation et de l’acceptation, l’opportunité de ralentir encore notre rythme davantage, et d’observer nos vies, nous mêmes, avec un regard différent, plus positif et de prendre conscience encore plus profondément de notre chance d’être ici, tous les 3, malgré la maladie, le handicap et les nombreuses difficultés auxquelles nous faisons face depuis 6 mois et qui commencent sérieusement à nous atteindre physiquement et parfois moralement !

Nous vivons des moments d’une telle intensité, d’une telle richesse, c’est une chance et on se l’est offerte !

Cette contemplation de nos vies, est l’occasion de poser un regard différent sur nos existences afin de leur donner plus sens et de se rapprocher de qui nous sommes vraiment au fond de nous afin, à défaut de changer les choses d’un claquement de doigt, d’observer nos vies, notre fille et ses difficultés, plus sereinement, avec davantage de joie, pour initier des projets pour le retour de manière plus apaisée et nourrissante. Et retrouver l’énergie nécessaire aux changements que nous voulons accomplir à notre retour.

Paradoxalement, c’est à un moment où nous avançons un peu sur ce chemin de l’acceptation du handicap, que les difficultés de Lou-Ann s’amplifient, et que sa maladie gagne du terrain. Lou-Ann change, grandit beaucoup, son corps se modifie et par conséquent, ses repères changent aussi, les tremblements et les mouvements involontaires augmentent beaucoup transformant tout repas en une épreuve, l’hypotonie gagne du terrain, et tous ces maux sont très difficiles pour nous à compenser. Nos corps trinquent et le moral en prend un coup, ce combat incessant est usant à la longue et l’épuisement guette sournoisement.

Nous cheminons sur le chemin semé d’embuches de l’acceptation et prenons conscience de ce que nous accomplissons en voyageant en Asie avec une enfant handicapée, tant pour elle, que pour contribuer à changer le regard et les mentalités en France où tant reste à faire.

C’est d’ailleurs ici que nous avons pris connaissance de la convention nationale du handicap du Président Macron pour le 15ème anniversaire de la loi sur l’égalité des chances du 11 février 2005. Et à la lecture des engagements annoncés, le Bo Pen Nyang en a pris un coup. (Voir notre post sur le sujet). Nous n’attendons plus grand chose de l’Etat. Quand un Etat, ses administrations et ses citoyens sont capables de ne pas respecter une loi qui date de 2005, quand on sait la violence à laquelle notre fille a du faire face durant sa scolarité par une Institution garante de l’Education des enfants de la République sous couvert de « liberté, égalité, fraternité », quand on sait le combat que nous menons face aux administrations pour que les droits de notre enfant soient respectés, quand on sait les incivilités et les comportements de nos concitoyens auxquelles nous faisons face depuis 12 ans, nous doutons sincèrement qu’une nouvelle Convention Nationale du Handicap change grand chose. Observer notre pays quitté depuis 6 mois, observer comment l’inclusion est gérée dans des pays aux cultures sensiblement différentes, nous offre une grille de lecture et d’appréciation différente de la France, positive comme négative. Mais force est de constater qu’en terme d’inclusion de la différence, nous avons une gigantesque marge de progression. Pour le moment, nous croyons davantage en nous, cela nous semble plus réaliste.

Comme un écho, Lou-Ann aura été aussi accueillie une journée à l’Ecole Internationale de Luang Prabang, nous démontrant une nouvelle fois sa capacité d’adaptation, et qu’avec bienveillance et volonté, une enfant avec un handicap pouvait être accueillie aisément dans une école, rendant un peu ses lettres de noblesse au terme de l’inclusion.

Le Laos est aussi et avant tout le pays du sourire. Et les laotiens nous en ont offert, des sourires. À profusion, au point d’ébranler nos certitudes, notre manière d’être à l’autre et de l’accueillir dans notre cercle. Tant de sourires, de bienveillance nous ont profondément marqué, touché et ont brisé quelques solides barrières que nous avions erigées avec le temps pour nous protéger de l’autre, de son regard, de sa pitié, de son mépris parfois face à notre condition. Ces regards appuyés et blessants sur notre enfant, pour marquer sa différence pourtant déjà si visible. Comme si ces regards allaient les protéger, eux, de la maladie et du handicap, de notre condition d’enfant et de parents différents.

Le sourire est un autre langage, un moyen de traduire ce qui, en nous, reste muet. Loin d’être un « sous-rire », il ouvre sur de multiples univers : il y a le sourire épanoui de l’amoureux, le gêné du timide, le conquérant du séducteur, le serein de Bouddha, et le sourire de bienvenue, celui qui nous accueille.

Je me souviendrai toujours d’Alana: Alana est barista et chaque matin, m’accueillait avec un sourire qui l’habitait complètement, un sourire qui illuminait son visage, apaisant. Chacun de ses gestes, chacun de ses mots, chaque regard étaient habités par son sourire; c’était une sensation étrange, inhabituelle et qui me mettait en joie pour le reste de la journée. C’était un sourire naturel, généreux, spontané et bien évidemment sans ambiguïté. Un sourire qui m’accueillait avec bienveillance quelle que soit mon humeur et la transformait si elle était maussade.

« Le sourire n’entre pas directement dans notre sphère intime, ne s’adresse pas à qui nous sommes, mais à ce qu’il y a d’universel en nous. Un sourire sincère touche en nous quelque chose d’essentiel : notre sensibilité innée à la bonté », souligne le dalaï-lama (Sagesse ancienne et monde moderne)

« Le sourire permet de dissoudre les barrières qui nous séparent de l’autre et témoigne de la prise de conscience de notre humanité commune. Sourire à la vie, c’est finalement ne pas trop en attendre et accepter ce qu’elle nous donne. », confirme Mathieu Ricard, moine bouddhiste et interprète officiel du Dalai Lama.

Nous étions venus le chercher, nous l’avons trouvé beaucoup ici au Laos, peut être aussi parce que nous étions davantage capable de l’accueillir. Des sourires, de la joie, de la douceur, s’en imprégner pour l’habiter et le transmettre. Observer et s’imprégner de cette manière d’être à la vie, de vivre l’instant présent.

Finalement, le simple plaisir d’être présent à soi, aux autres, à la joie et se détacher du matérialisme, du superflu, du temps, des aspects et des relations non authentiques.

Être présent à soi pour être mieux présent aux autres, à ses proches et à ses amis. Accueillir ce qui arrive, ouvrir ses bras au monde, à la différence et l’accepter.

Accepter ses proches, ses amis, sa famille comme ils sont et pas comme on aimerait qu’ils soient, avec leurs failles, leurs défauts exaspérants et leurs belles qualités. Tout un cheminement qu’il est plus facile d’amorcer dans la bienveillance et les sourires.

S’accepter soi avec ses imperfections, ses failles, ses paradoxes, ses qualités, subtil jeu d’équilibre et pour ma part un exercice de style encore difficile mais un chemin qui m’allège au fur et à mesure que je m’aventure sur celui-ci.

La solution est peut être dans notre capacité tous les deux à sourire à la vie, d’aimer notre vie même si elle n’est pas comme nous l’avions imaginé ensemble au départ.

Sourire à la vie si imparfaite soit elle, l’accueillir et l’embrasser. Honorer ce qui est essentiel pour moi, pour nous et laisser aller ce qui l’est moins. Bo Pen Nyang !!!

Accepter cette histoire qui m’a construit, me permet d’être ce que je suis aujourd’hui, accepter ces souffrances et cette violence passée qui m’ont façonné et m’ont rendu fort, un roc qui parfois s’effrite, mais qui résiste et sur lequel Magali et Lou-Ann peuvent prendre appui pour avancer.

Accepter et sourire à la vie, à ce qu’elle nous offre à vivre ensemble, tous les 3, soudés dans cette expérience de vie qu’est notre voyage devenu initiatique.

Nous cheminons sur cette nouvelle voie peu naturelle, avec des écueils fréquents et nous apprenons. Mais je sens au fond de moi que c’est la bonne voie. Plus je parviens à m’engager sur cette voie, celle du sourire, plus je vis et accepte un petit peu mieux le handicap de Lou-Ann et ses conséquences si lourdes au quotidien, de plus en plus lourdes. Accepter sans jamais cesser de se battre pour le faire évoluer. Subtil équilibre à trouver ! Pour rejoindre son sourire, sa manière d’être au monde. Elle est la voie, notre voie.

Être aussi plus bienveillant avec nous mêmes et sourire à nos vies nous permet de gagner en sincérité, être dans le vrai, nous poser les bonnes questions pour trouver les bonnes réponses. C’est une fenêtre sur nos vies, sur le monde que nous ouvrons en conscience et nous regardons ce paysage sans le retoucher. C’est une chance que nous avons choisi de saisir, une opportunité de vivre en cohérence avec nous mêmes.

Voyager est une ouverture sur le monde, mais aussi sur nous mêmes et notre manière d’être et de vivre.

Le paysage que nous observons de nos fenêtres n’est plus le même et ce qui se dessine pour le retour sera probablement différent.

C’est dans cette veine que j’ai vécu une belle expérience humaine à Luang Prabang: une jeune femme allemande m’a abordé un soir à l’hôtel alors que je remplissais ma gourde et au bout de quelques minutes de discussions de voyageurs autour du monde, se livrait à moi avec une sincérité et une profondeur d’échanges que je n’ai pas avec beaucoup de mes amis. Elle me confiait être touchée par notre voyage, notre courage à voyager ainsi avec Lou-Ann, mais surtout m’avouait nous avoir observée le matin au petit déjeuner et avoir été bouleversée par la force, l’amour qui se dégageait de notre trio. Cette conversation intime était touchante tout autant que surprenante quelques minutes seulement après notre rencontre.

Elle fera partie des moments forts de ce voyage, la plus belle décision que nous ayons prise.

On est très heureux de vivre cette expérience exceptionnelle qui nous rapproche de nous mêmes chaque jour qui passe et qui a pris une dimension plus dense avec le Bo Pen Nyang.

Une philosophie de vie dont nous continuons à nous imprégner pour être mieux avec nous mêmes et que nous ramènerons dans nos sacs à dos pour la partager humblement avec ceux qui voudront bien la recevoir.

Nous aurons passé 5 semaines au Laos, 5 semaines dont nous avions besoin à la fois pour se reposer, mais aussi pour intégrer tous les bénéfices de ce voyage et aller plus en profondeur dans notre cheminement intérieur.

Luang Prabang aura offert aussi la possibilité à Lou-Ann de pratiquer un matin sur deux du Yoga avec Magali et trouver dans cette activité ensemble beaucoup de plaisir, même si certains exercices lui étaient difficiles et la fatiguaient beaucoup. La fatigabilité de Lou-Ann s’amplifie avec le temps, contrairement à ce que nous imaginions, et est particulièrement aléatoire. Elle est de plus en plus fréquente, et dans des proportions parfois inquiétantes. Elle est une composante de plus à intégrer, une conséquence de la maladie à anticiper.

Nous nous sentons plus sereins, plus en confiance, plus clairvoyant sur Lou-Ann, sur nous individuellement et notre couple, sur notre avenir, nos possibilités et nos envies. Ralentir encore plus notre rythme à Luang Prabang pendant plus de 2 semaines a été l’opportunité d’une pause dans un voyage fatigant, de ralentir et se laisser gagner par des sentiments nouveaux; nous ressentons une forme de paix, une confiance en nous qui s’assoit sur des fondations plus solides, plus authentiques, sans faux semblants, comme si ce voyage était un ensemble de cycles logiques.

Il y a eu l’épuisement psychologique, la conscience que nos vies ne nous convenaient plus, sans savoir quoi changer, ni oser le faire. des moments de doutes, de lâcher prise, des prises de conscience, une conscience qui s’élargit, des combats intérieurs à mener qui ne l’avaient jamais été, des rancoeurs et des résistances qui ont entraîné conflits intérieurs et extérieurs. Puis un apaisement et l’émergence de nouvelles capacités pour reconstruire une vie plus en conformité avec ce que nous sommes au fond de nous et commençons à pleinement découvrir.

Nous menons de longues discussions accompagnées de notre meilleur ami, Mojito, et ces idées, ces projets créent un mélange d’excitation et d’appréhension que tout est possible, tout est à construire en sortant des sentiers convenus, confiant dans nos capacités à vivre pleinement en conformité avec nos valeurs profondes, ou tout du moins tendre, étape par étape, à une vie épanouissante.

Décidément le Laos nous aura beaucoup apporté … nous le quittons émus et reconnaissants de nous avoir offert ses sourires, sa douceur de vivre et son Bo Pen Nyang.